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Sujet: Mission de rang B - Un coeur pour un Roi [Solo] Ven 7 Sep - 20:37
Une légère brise emportait des effluves de la mer toute proche, une odeur de sel et d'algues flottant dans le village rustique. Assis en tailleur autour d'un feu de camp, nous écoutions tous d'un air attentif le plus vieil homme du groupe. Son murmure se perdait dans le grondement des vagues toutes proches, mais pourtant nos cœurs vibraient à l'unisson à l'entente de cette mélodie monotone. Tous ensemble, nous nous mîmes à entonner le même air. Nos voix montaient dans les aigus avant de redescendre dans les graves les plus profonds. Les yeux fermés, je sentais clairement mes cordes vocales vibrer alors que mes oreilles s'emplissaient de la beauté de l'instant. Onze voix tenant la même note produit une sonorité indescriptible, magnifique. La flux de l'océan lui même semblait battre le tempo, les lames se fracassant sur les rochers à un rythme effréné. Soudain, dans un signal imperceptible, nous arrêtâmes net notre chant. Un silence pesant tomba sur la scène, seulement troublé par la respiration haletante des êtres présents. Je rouvris alors les yeux et me levais lentement de la position en tailleur que j'avais adopté depuis bientôt une heure. Quelques mouvements de mes membres fourbus, puis je devins une statue immobile, regardant la scène de mes yeux curieux.
J'avais beaucoup étudié depuis mon arrivée à Iwa, et plus particulièrement les coutumes de ce village. Ce rite faisait partie d'une coutume aussi vieille que le village. Nous nous étions tout d'abord rendu dans les ruines du premier village Iwajin à avoir jamais existé, au pied d'une falaise, à quelques mètres de la mer bordant le nord du pays. Quelques huttes de pierre à moitié effondrée, des routes en terre battue recouverte par le sable, des pins verdoyants, un paysage pittoresque en somme. Mais ce village avait une richesse historique inégalée. C'était ici que les futurs rois se rendaient pour accomplir leur "droit à la souveraineté". Sous ce nom pompeux se cachait en fait un terrible combat à mort contre une bête légendaire. Le Bélial, créature mythique hantant les côtes de la Mer Nordique. Le tout premier roi connu de ce pays avait triomphé en duel face à cette bête. Un poème antique racontait comment les deux ennemis s'étaient rencontré dans la tempête. Perché sur le Rocher de la Lame Brisée, il avait défié la créature. Pendant plusieurs heures, ils combattirent sans faiblir, épée contre crocs, bouclier contre griffes. D'un revers d'une de ses nombreuses pinces garnies d'yeux, le Bélial brisa l'arme de son adversaire, le jetant à terre. Mais alors que l'immonde créature plongeait vers lui tout croc dehors, il bondit vers son torse. A main nue, il arracha la chair des os, se frayant un passage entre ses côtes jusqu'à parvenir à son cœur palpitant. Alors, il l'arracha d'un coup sec, tuant le prédateur sur le coup. Couvert de sang mais victorieux, il rentra au village et fut proclamé roi par les villageois pour son acte de bravoure inespéré. Depuis cette époque, chaque prétendant au titre de roi devait vaincre une créature de légende afin de pouvoir accéder au statut de souverain. S'il revenait victorieux, son ascension était presque assurée. Mais la plupart périssait de manière abominable au combat en essayant.
Aujourd'hui, c'était au tour d'Osaki Shimaru, fils du roi actuel, de relever le défi. Le trône lui revenait de droit par l'héritage, mais le peuple restait accroché à ses croyances et coutumes. Ils ne voulaient pas d'un faible souverain, mais d'un homme ayant survécu au pire des combats. Aucun humain ne pouvait offrir un duel digne de ce nom au futur roi, aussi le pauvre garçon avait été forcé de rejoindre la Mer Nordique pour se battre. C'était là qu'une requête avait été envoyée à Iwa. Rien n'empêchait dans les légendes qu'un compagnon vienne en aide au héros afin de vaincre l'horreur. Plus d'un souverain avait eu un fidèle compagnon à ses côtés lorsque le moment de prouver sa valeur était venu. Une telle créature est peut être un défi d'ampleur pour un humain normal, mais ne représente pas un défi très difficile pour un ninja de niveau supérieur. N'importe quel Junin aurait pu s'en charger, pourtant j'avais fais le choix de faire moi même le déplacement Je voulais voir de mes propres yeux cette coutumes bien trop rare. Peu de gens pouvaient se targuer d'assister à l'Ascension du Jeune Roi dans leur vie. Pourtant, ce qui se déroulait devant mes yeux ferait bientôt partie des légendes de ce pays. Une pointe de fierté brillait dans mes pupilles à l'idée de devenir bientôt un membre de l'histoire du village. Je savais que c'était idiot, car ma seule place de bras droit du Kage m'avait assuré une place de choix dans les archives du village. Je jetais un coup d'œil au gantelet doré à ma main gauche. Mon nom y était gravé, ainsi que de nombreux exploits que j'avais accompli. Bientôt, les archivistes du village pourraient y rajouter mon combat contre le Bélial. J'avais enfilé ma tenue de cérémonie pour cet évènement.
Car oui, c'était bien un Bélial qui avait été repéré, rôdant aux alentours des côtes. D'habitude, les souverains se contentaient d'occire un Duriel géant pour revendiquer le trône. Mais la présence d'un Bélial, le premier depuis la création du village, était une épreuve que le futur souverain ne pouvait refuser. J'allais donc assister au combat le plus épique depuis bien longtemps. Le roi avait été clair en me donnant ses consignes. Je devais simplement veiller à la survie de son fils, mais en aucune manière accomplir sa tâche. J'avais retrouvé le jeune garçon non loin du village délabré, et en compagnie des neufs prêtres chargés de protéger et conserver le village, nous avions entamé le premier rituel. Tous étaient habillés d'une toge blanche représentant leur pureté au moment présent. Deux prêtres étaient habillées de noirs. Ils avaient déjà tué et ne pouvaient donc plus prétendre au blanc. Seul le noir pouvait représenter la noirceur de l'âme ayant ôté la vie. C'était la raison pour laquelle je ne m'étais pas changée. Mon accoutrement convenait parfaitement à mon statut. Nous nous étions assis autour d'un feu avant de commencer à entonner des hymnes effrénés dont le sens m'échappait. Un par un, les neufs hommes oignaient le futur guerrier de peinture préalablement bénies par leurs soins. Devant moi se tenait à présent un guerrier, l'arme à la main, le regard dur et déterminé. Il ne voulait pas décevoir son père, et ne le décevrait pas.
D'un pas rapide nous nous rendîmes sur le Rocher de la Lame Brisée. Les prêtres nous quittèrent à mi-chemin, et je me retrouvais pour la première fois seule au côté de mon frère de bataille. Je le regardais du coin de l'œil alors que nous gravissions le promontoire rocheux. Malgré son air affiché de détermination, il tremblait légèrement. Ses gestes se voulaient sur, mais transpiraient la peur. Il n'avait pas l'étoffe du guerrier. Il ne tiendrait pas dix minutes au combat. Je pris alors conscience de l'ampleur de ma tâche. Le maintenir en vie sans lui voler sa victoire. Je me rendis compte pourquoi Takeshi avait insisté pour que je fasse cette mission la. Toujours aussi brillant celui là. Au bout de trois minutes, nous arrivâmes au bout du légendaire rocher. Alors, l'eau se mit à vibrer. D'abord lentement, puis des vagues bien plus grosses venaient se fracasser sur la roche en contrebas. Alors, il émergea de l'eau. Et j'en eux le souffle coupé. Je m'attendais à tout, sauf à cette horreur.
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Rien que sa tête faisait deux fois ma taille au moins. Sa peau nécrosée était d'un vert pâle maladif. De grands tentacules jaillissaient de son échine. Deux paires de membres supérieurs se détachaient de son torse aux côtes apparentes. La première paire était deux pinces de la taille d'une Baleine des Glaces, les deux autres ressemblaient plus à des nageoires bardées d'yeux malveillants. Trois cornes jaillissaient de son crâne massif alors que deux puits de lumières nous fixaient avec une cruauté manifeste. Sa gueule s'ouvrit, révélant deux rangées de dents acérées dégoulinantes de salives. Un cri de haine pure jaillit alors du fond de sa gorge, et je vis mon allié trembler de tout son corps. Pour ma part, j'affichais un grand sourire alors qu'une excitation incomparable emplissait mon corps. Ainsi, c'était ça qui avait été vaincu. Impressionnant, mais j'avais combattu pire. Dans un rugissement bestial, Bélial lança sa pince droite vers le corps frêle du futur roi afin de le couper en deux. Ni une ni deux, je me plaçais sur la trajectoire et bloquais le coup du plat de ma lame. Au moment précis où le choc eut lieu, un éclair frappa la falaise tout proche dans un grondement assourdissant. Je me pris à oublier le prince, trop occupé à protéger nos deux vies dans ce duel épique. Pourtant, je me contentais de bloquer chacun de ses coups afin de laisser libre mon allié de le frapper. Mais ce dernier restait bloqué, et avait lâché ses armes pour tomber à genou sur la roche. Des larmes de terreur pure se formèrent dans ses yeux, et il hoquetait misérablement. D'un rapide revers de katana, je repoussais une attaque avant de dégainer Cerberus. Deux rafales dans le visage suffirent à déstabiliser momentanément le monstre, et je courus vers le combattant.
-Debout.
Il leva un regard pitoyable vers moi et sanglota.
-J'ai dis lève toi.
Il parvins enfin à bafouiller une réponse.
-Je... peux pas... vaincre ça. On va mourir tout les deux. C'est... c'est foutu... On... devrait rentrer avant de crever.
Je pris alors son menton dans la main et le força à me regarder dans les yeux.
-Écoute moi bien. Tant que je serai là, personne ne mourra. Regarde moi. Est-ce que j'ai l'air blessé ? Ou simplement essoufflé ? Non. Ce n'est pas cette créature qui va avoir raison de moi, et encore moins de toi. On va la combattre, côte à côte. Je serai ton bras armé, et ton bouclier. Et quand tu rentreras, ce sera avec le cœur encore chaud de cette créature.
Cette dernière avait repris ses esprit et profita de mon instant de distraction pour tenter de me décapiter d'un revers de sa pince gauche.
-Atten...
Mais je l'avais entendue arrivée. Vif comme l'éclair, je parais le coup avec la lame de mon épée tout en tirant avec l'autre main au Cerberus dans le visage de l'ignoble animal. Un morceau de sa joue se détacha avant de s'écraser dans une bruit flasque à mes pieds. Du sang jaune pâle coulait abondamment de la plaie et du morceau de chair inerte. Sans me soucier davantage de notre ennemi, je reportais mon attention sur le jeune prince.
-Maintenant , lève toi ! Combattons côte à côte et triomphons de cette horreur.
Il prit la main que je lui tendais et se leva. Il ne tremblait plus. Son regard ne brillait plus de terreur, mais bien d'une détermination implacable. Il récupéra ses armes au sol, et s'avança vers le Bélial. Tout d'abord, en marchant. Puis son allure augmenta, jusqu'à atteindre une course folle vers le bord de la falaise. Un sourire furtif passa sur mes traits avant que je ne lui emboîte le pas. Chaque attaque du monstre était détourné par mes soins, rien ne pouvait entraver l'avancée du héros. Les bruits de ses pas sur la roche résonnait dans toute la vallée. Le tonnerre grondait, menaçant, derrière nous. Une immense nageoire couverte d'œil balaya horizontalement la roche afin de faucher nos jambes. D'un bond aussi agile que rapide nous esquivâmes cette attaque sans nous arrêter un seul instant. J'en profitais pour planter une de mes lames dans une pupille, la crevant immédiatement. Le bord de la falaise approchait de plus en plus de nous. De plus en plus près. Juste à nos pieds. Alors, je sautais dans le vide. Immédiatement, mon corps se mit à bouillonner, mes traits changeant en un clin d'œil pour devenir ceux de Némésis. Une grande paire d'aile se déplia brusquement de mon échine, et je pris mon envol. Le reste fut aussi bref que violent. Le roi parvint jusqu'au tronc du monstre, et s'y accrocha. Puis, comme le premier souverain Iwajin, il se mit à creuser dans la chair du monstre. Son bouclier s'enfonçait profondément avant de déblayer de gros sillons de viande pourrie, son épée tranchait nerfs, tendons et muscles. J'occupais le monstre pendant ce temps, crevant ses yeux, coupant ses tentacules, lacérant son corps. Soudain il s'arrêta net, et se raidit de tout son corps. Sa gorge poussa alors le plus terrible hurlement de douleur que je n'ai jamais entendu. Un flot de sang bouillonnant gicla de sa gorge. Pendant un bref instant, le Bélial resta immobile, figé dans son agonie. Puis, comme un pantin auquel on coupe les fils, il s'effondra dans l'eau. Mais du roi, pas la moindre trace. Ainsi, j'avais...échoué ? Je n'avais pas pu tenir ma promesse ?
Je tombais à genou sur la roche, m'ouvrant profondément la peau. Mais je n'y portais pas la moindre attention. Devant mes yeux venait de mourir encore quelque un. Je n'avais pas pu le sauver. Encore une fois, j'avais été impuissant à protéger la vie des gens. Ce jeune, je sentais en lui un profond désir de paix et de justice. Il était bon. Un roi comme lui aiderait le monde à marcher vers le chemin de la paix. Mais maintenant qu'il était mort... J'entendis alors un bruit étrange en contrebas. Plein d'espoir, je plongeais dans le vide, et durant ma chute vis le corps du jeune homme flotter à la surface. Son visage regardait le ciel et un sourire de bonheur pure éclairait ses traits. Dans sa main droite palpitait encore faiblement le corps de la monstruosité auquel il avait ôté la vie. Je déployais subitement mes ailes pour stopper ma chute, et me mis en vol stationnaire au dessus de l'eau. Alors, je lui tendis la main, et il la prit. Nous avions réussi...